Ville créative
Les personnalités boogie woogie limougeaudes
Marc Lanjean, le premier introducteur de jazz à Limoges
Parmi les pionniers du jazz en Limousin, nous retrouvons une figure peu reconnue à Limoges : Jean Marcland, à qui nous devons les bases musicologiques et la définition scientifique du jazz.
Alors jeune étudiant en médecine et élève au conservatoire de Limoges en 1918, il découvre la musique grâce à son père.
Il est subjugué par le son novateur du jazz qu’il entend pour la première fois en passant devant Gay Lussac où étaient en convalescence les soldats américains.
Pour arrondir ses fins de mois, il travaille comme pianiste la nuit dans les bars et prend comme nom de scène Marc Lanjean. Il abandonnera ses études pour rejoindre l’orchestre Ray Ventura et crée le tout premier orchestre de jazz à Limoges, l'un des premiers en France au milieu des années 20.
Il se rendra à Paris et composera ensuite de nombreuses musiques de films à la renommée nationale.
Il a activement et passionnément contribué à introduire le jazz à Limoges. La radio jouera également un rôle majeur dans la diffusion et transmission collective du jazz. C’est d’ailleurs par ce biais que Jean-Marie Masse, figure emblématique limougeaude, tombera lui aussi amoureux de cette musique.
Jean-Marie Masse, un jazzman limougeaud
Pendant près de 70 ans, cette personnalité fondamentale anime avec passion la vie musicale de Limoges, par ses émissions de radios, les concerts qu’il organise en tant que président du Hot Club de Limoges ou en tant que chef d’orchestre et batteur.
Ami des plus grands jazzmen, Jean-Marie Masse participe au rayonnement de la scène musicale limougeaude en invitant des personnalités telles que Duke Ellington, Lionel Hampton, Don Byas, Buck Clayton, Bill Coleman ou encore Zora Young à se produire dans cette « nouvelle capitale française » du jazz, devenue désormais incontournable. De la naissance du jazz à Limoges à l’évocation des personnalités qui en ont émaillé l’histoire, la complicité amicale de Jean-Marie Masse est centrale.
Originaire de Limoges, né le 22 mai 1921, Jean-Marie découvre très tôt les arts. D’abord la peinture avec son père puis son parrain qui encourage davantage son filleul à développer ce talent. Il expose dès ses 17 ans à la galerie Dalpeyrat, place de la République. Sa passion pour la musique se déclare durant son adolescence avec la découverte du jazz, en 1938, qui se fera aux côtés de Roger Blanc, jeune dentiste de 25 ans, qui vient de s'installer à Limoges. Ce dernier, également trompettiste, anime l’émission hebdomadaire Quart d’heure du Hot club du limousin diffusée le jeudi soir du 3 février au 28 juillet 1938 sur Radio Limoges, seule radio qui faisait entendre à cette époque des disques de jazz dans tout le centre-ouest. Il fera ensuite sa rencontre à 17 ans durant sa première exposition à la galerie Dalpeyrat, place de la République.
Rencontre avec Paulette Morhange et Hugues Panassié
Sur les conseils de Roger Blanc, Jean-Marie, tout en préparant son baccalauréat, lit le premier ouvrage d’Hugues Panassié, Le Jazz Hot, ainsi que la revue Jazz Hot, et achète ses premiers 78 tours de Duke Ellington, Louis Armstrong, Jimmie Lunceford…
Avec l’entrée en guerre de la France en 1939, la matière première commence à manquer et les disques deviennent rares.
Durant cette même année, Jean-Marie fréquente régulièrement Claude Morhange, un camarade de lycée et fait la connaissance, puis s’éprend de sa sœur aînée, Paulette, également artiste peintre. À peine le bac en poche, il souhaite l’épouser. Le couple s’installe au dernier étage de l’immeuble où habitent les parents de Paulette, au 4 rue François-Chénieux.
L’Occupation correspond pour Jean-Marie Masse au début de son engagement inconditionnel pour le jazz. Il réalise ses premières conférences à Limoges en mai 1941. Malgré le contrôle des textes par l’État français, ses conférences seront contestées par certains spectateurs venus protester contre l’apologie des Afro-Américains qui y est faite. L’une des conférences fut interrompue par des jeunes partisans de Vichy, estimant scandaleux de présenter la musique d'Américains, qui plus est des Noirs.
Vers 1944, il devient difficile de rester à Limoges. Jean-Marie part alors à Montauban où il est hébergé par son ami Hugues Panassié.
À la Libération, les passionnés de jazz renouent avec les musiciens Afro-Américains débarqués avec l’armée. Hugues Panassié met Jean-Marie en contact avec les membres du Hot Club de France. Cette association, dont le siège est à Paris, promeut le jazz sur tout le territoire avec l’aide des Hot Clubs régionaux.
Création du Hot Club de Limoges
Jean-Marie organise son premier concert de jazz à Limoges, le 14 janvier 1948, dans la salle Berlioz(L'ancienne salle Berlioz était située place de la République, côté rue St-Martial, tout près de la statue de Jeanne d'Arc ) en faisant venir, sur les conseils d'Hugues Panassié, Rex Stewart, en tournée en France. Le concert avec Rex Stewart était à la base un pari car c'était un ancien trompettiste vedette de l'orchestre de Duke Ellington.
L’ancienne salle Berlioz, située de l'autre côté de la place de la République, tout près de la statue de Jeanne d'Arc, à un endroit où les constructions ont totalement disparu aujourd'hui. Photo d’archive de la Ville de Limoges
Devant le succès remporté par ce concert, les statuts du Hot Club de Limoges sont déposés à la préfecture le 26 janvier 1948. C’est le début de l’incroyable histoire du jazz à Limoges où pendant 70 ans, l’association va programmer jusqu'à 8 concerts chaque année.
Parmi les artistes que JMM a fait venir à Limoges, avec lesquels il a tissé des liens d'amitié étroits, on peut citer Big Bill Broonzy, Mickey Baker ou Memphis Slim, trois bluesmen, Claude Luter et Claude Bolling pour les jazzmen français.
En 1948, Jean-Marie Masse devient animateur à Radio Limoges avec des émissions régulières intitulées : « Le jazz hot ».
En 1984, il quitte Radio France et poursuit ses émissions en créant Jazz FM avec Martine Jacob de Radio-Porcelaine.
En 1989, c'est elle qui lui a permis de lancer ensuite Jazz FM devenue Swing FM®. Cette radio se trouve aujourd'hui dans le quartier de la cathédrale (2, rue Charles-Gide) ; l'aventure avait commencé à Boisseuil.
Swing FM® est écoutée dans le monde entier grâce à internet. Elle est la première radio à diffuser du jazz 24h/24h.
Fréquence en Haute-Vienne : 101.2 - www.swingfm.asso.fr
A sa mort, il lègue toute sa collection de disques (15 000 disques sur tous supports, dont des enregistrements rares) et des documents (livres, photos) relatifs au jazz et à la Ville de Limoges.
En plus de 60 ans, il a fait de Limoges la capitale du jazz. Pour lui rendre hommage, une plaque a été inaugurée le 4 juin 2018 dans le square portant désormais son nom et situé juste devant l’Opéra de Limoges, en présence d'Émile Roger Lombertie, Maire de Limoges, et de Michel Leeb, fan inconditionnel de jazz, venu offrir un concert en mémoire de Jean-Marie Masse.
Jean-Michel Leygonie, ou l’amour de la musique
« J’aime toutes les branches du jazz, pas uniquement celui des années 30 et 50. »
Passionné de musique depuis son plus jeune âge, c’est par l’écoute la plus large et une curiosité toujours intacte que Jean-Michel Leygonie a avancé au fil des années avec cette envie de partager et faire connaitre au plus grand nombre ce qui le touche et ce qui le fait vibrer notamment au travers de cette esthétique musicale que l’on qualifie de Jazz.
Une fois installé en Limousin en 1983, il reprend la présidence du foyer rural de La Roche-Canillac en Corrèze et construit une programmation de concerts au savant mélange de jazz, de musique baroque et classique, car pour lui le jazz est comparable au classique, il faut savoir l’apprécier, l’écouter et le savourer. Après avoir créé les Rencontres de Jazz de la Roche-Canillac (de 1986 à 1990) il est appelé, par l’ASSECARM LIMOUSIN (Association Régionale pour la coordination des activités musicales en Limousin), a occuper un des tous premiers postes de Chargé de Mission pour les Musiques Actuelles en Région.
Parmi les missions qui lui sont confiées, la reprise du Festival Jazz en Limousin dont il assurera la direction artistique et le développement de 1989 à 1995. A cette même période, il crée le Label discographique ORANE RECORDS, première expérience en production phonographique avec les notamment les Artistes Jean Michel PILC, Akosh SZELEVENYI et Carlos MAZA, aujourd’hui tous devenus des compositeurs marquants.
Le label Laborie : un label entre classique et jazz
Après la création et le développement d’une entreprise de multimédia (1996 – 2002), il reprend ses activités dans le domaine de la musique et rejoint le Centre Culturel de Rencontres LABORIE en LIMOUSIN à Solignac. En charge du département Jazz de 2002 à 2015, il enchainera Saisons musicales, avec concerts et résidences, des programmes de formations professionnelles pour Artistes et Techniciens Son. Tout ce travail en lien direct avec les autres activités du CCR LABORIE EN LIMOUSIN, aboutiront aussi à la création du Label de production phonographique LABORIE en LIMOUSIN (avril 2006). Deux départements sont alors crées, LABORIE CLASSIQUE, sous la direction du violoncelliste Christophe COIN et LABORIE JAZZ sous la direction de Jean Michel LEYGONIE. La ligne artistique est clairement définie : repérer et soutenir de jeunes compositeurs français et internationaux.
En 2022, la catalogue de productions compte près de 70 disques, dont 7 Victoires du Jazz, 3 Trophées du Jazz décernés par l’Académie du Jazz, 1 grand prix du disque de l’Académie Charles CROS et 1 grand prix du disque GUS VISEUR. Distribué nationalement mais aussi à l’export, le Label LABORIE Jazz a été un des tous premiers Labels de Jazz a être distribué physiquement et numériquement en Chine (2016) avec plusieurs tournées importantes.
L’année 2006 sera aussi marquée par la création de l’Association Eclats D’Email Jazz Edition, outil indispensable au projet de Festival du même nom. 2022, le Festival fête ses 17 ans, et se situe désormais parmi les Festivals de Jazz importants de la Région Nouvelle Aquitaine et parmi les Festivals qui comptent en France à la période d’automne. Un festival qui présente ce que le jazz a de plus divers et de plus riche et de plus actuel.
Fratrie : un binôme aussi éclatant que l’émail
Les gènes et l’amour du jazz se sont transmis de père en fils. Depuis 2017, Jean Michel LEYGONIE travaille en duo avec son fils Elie, une formidable expérience qui apprend chaque jour le plaisir de transmettre.