Ville créative
L'arrivée du jazz à Limoges
L’Histoire du jazz
L’Histoire du jazz est née à l’aube tragique de la traite des esclaves en 1619, lorsque les premiers esclaves venus d’Afrique débarquent en Amérique du Nord. Dès ses origines, c'est une musique de la mixité où les peuples européens, amérindiens et africains se rencontrent.
Les esclaves trouveront ensuite refuge au sein de la danse et d’un chant appelé « work songs » ; en français les chants du travail qui permettaient aux esclaves d’oublier leur condition dans les plantations au milieu de la ségrégation. Un son de révolte déchiré entre les états du Sud et du Nord, donne ensuite naissance au blues.
- En France, l’esclavage est aboli en 1793 une première fois à Saint-Domingue puis une seconde fois en 1848. Quant aux USA, il faudra attendre 1865. Malgré la ségrégation qui s'installe pour un siècle, les Noirs américains s’approprient la culture musicale européenne et ses instruments : pianos, instruments à vent ou de percussion. Les rues de la Nouvelle-Orléans et de Harlem bouillonnent, s’animent et s’embrasent de musique. Un langage musical est né : le ragtime, l’ancêtre du jazz, s’empare des rues de Chicago, Harlem, New York, Kansas City puis de l’Europe à la fin du XIXe siècle.
En parallèle à l'évolution du blues et du ragtime, une musique religieuse appelée Spirituals se développe dans la communauté Afro-Américains et donne naissance dans les années 1920 au gospel.
Le jazz naît de ces différents courants et traverse l'océan Atlantique pour libérer l'Europe à la fin de la Grande Guerre.
L’arrivée du jazz à Limoges
La Première Guerre mondiale introduit progressivement le jazz, aujourd’hui centenaire à Limoges, par le biais des bals populaires. Un mouvement qui deviendra ensuite national.
Le jazz fait irruption aux oreilles des Limougeauds à la Belle Epoque, en 1918, lorsque les américains introduisent la culture américaine en France : de nombreux hôpitaux militaires accueillent des soldats américains blessés entre 1917 et 1919.
En 1918, le jazz était encore balbutiant aux Etats-Unis. Le jazz authentique se trouvait le plus souvent dans les ghettos. Le premier musicien de jazz arrive en France, à Paris, en 1919 est Sidney Bechet.
La ville se cale pour un temps sur l’heure américaine face à cette effervescence collective : les emprunts culturels et musicaux – basket-ball, jazz, danses Afro-Américains comme le blackbottom ou le charleston – s’intensifient au cours des années 1920.
De fait, le jazz pénètre à bas bruit à Limoges dans l'entre-deux-guerres avec entre autres Roger Blanc qui initie le célèbre jazzman limougeaud Jean-Marie Masse. Roger Blanc a fait quelques émissions à Radio-Limoges sur le jazz en 1938. Mais le jazz à Limoges c'est aussi le premier concert organisé par Jean-Marie Masse en 1948 avec l'orchestre de Rex Stewart, l'année de création du Hot Club de Limoges.
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Pascal Schumacher - Nambou-Tekki
Un soir, place Saint-Pierre à Limoges, les américains fument des cigarettes roulées et jouent… du jazz ! Un son choquant pour certains, novateur pour d’autres où le piano et le saxo flirtent et la trompette et le trombone s’entrechoquent. Une musique impétueuse, moderne, créative et joyeuse. C’est la musique de tous les instants où les talents se dévoilent et les concerts s’enchainent.
Bref, un enthousiasme frénétique s’installe à Limoges. Un tourbillon de plaisir immédiat et un son emblématique qui traversera les générations.
70 ans de concerts à Limoges !
Dès décembre 1946, une déferlante de musiciens Afro-Américains débarque en France - notamment l’orchestre de Don Redman - et d’importants événements sont organisés : le festival international de jazz de Nice en février 1948, la semaine du Jazz au Théâtre Marigny en mai de la même année, puis le festival international de jazz à la salle Pleyel en mai 1949. Certains musiciens résident ponctuellement en France, d’autres s’y installent définitivement. Ils viennent régulièrement à Limoges accompagnés soit avec leur formation, soit par l’orchestre de Pierre Guyot ou le trio de Jean-Marie Masse. Ce dernier est batteur et réalise ainsi son rêve de jouer avec ses héros des clubs mythiques de Harlem comme le Savoy Ballroom et le Cotton Club.
Différents portraits de musiciens sont présentés. D'abord le saxophoniste Don Byas qui s’installe à Paris après sa venue dans la capitale avec l’orchestre de Don Redman. Jean-Marie Masse noue des relations particulières avec ce musicien. Avec son ensemble, Jean-Marie accompagne Don Byas quelques jours au Cabaret Sully à Limoges en 1953 et partage avec lui aussi bien sa passion de la pêche que celle de la pipe.