Parcours

Michel Cogné

Engagé dans des études de médecine tout en regrettant de ne pas faire de la Recherche, Michel Cogné s’oriente vers l’immunologie un peu par hasard et beaucoup par défi. Aujourd’hui, ses journées sont rythmées par ses responsabilités nationales, ses cours et séminaires, et ses recherches en immunogénétique et sur le lymphocyte B dans le laboratoire CNRS/INSERM qu’il dirige au CHU et à l’Université de Limoges.

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 « Pendant mes études, l’immunologie était une discipline novatrice, et les étudiants, dont je faisais partie, n’y comprenaient pas grand-chose (parfois les professeurs non plus !). J’ai acheté un livre pour m’y retrouver (le « BACH ») et cela a été la révélation. À l’époque, on en était aux prémices de l’immunologie et de la génétique moléculaire. » explique Michel Cogné. Beaucoup de découvertes ont été faites dans ces domaines depuis une trentaine d’années. »

La recherche fondamentale

Il y a 6 ans, l’équipe de Michel Cogné met en évidence un phénomène jusqu’alors inconnu en génétique : le « suicide » d’un gène d’anticorps. Cette première mondiale vient renforcer la place de leader de l’équipe de Limoges dans l’étude de la régulation des gènes d’anticorps. « Les cellules du système immunitaire sont les seules capables de remanier et redécouper leurs chromosomes. Elles fabriquent de cette façon les anticorps, en réassortissant leurs gènes comme si elles rebattaient les cartes d’un jeu. Nous avons découvert une région du génome (dite «  superenhancer ») qui est le chef d’orchestre de ces découpages chromosomiques ; nous avons en outre montré que ce chef d’orchestre peut lui-même être découpé et éliminé avec l’intégralité du gène d’anticorps par les recombinaisons suicides. Mais les cellules immunitaires ne peuvent pas vivre sans ce gène… d’où la dénomination de «  suicide » des gènes d’anticorps.

Aujourd’hui, ces cellules B s’activent, sont sélectionnées ou se suicident tous les jours chez nous tous. Mais, les mécanismes de choix entre ces destins (mémoire immunitaire ou mort…) restent mal connus. On ne sait pas clairement pourquoi certaines cellules sont sélectionnées pour mourir ou survivre. Qu’est-ce qui fait la différence ? Est-ce un moyen pour l’organisme de se protéger ? La cellule défectueuse est-elle supprimée car inutile ? ou dangereuse ?

« Les perspectives ? L’utilisation des cellules B sur lesquelles nous travaillons à des fins thérapeutiques. En les manipulant on pourrait les utiliser contre une cible. À l’heure actuelle, il existe des outils disponibles pour les biologistes qui permettent d’aller soigner ou réparer un gène. Une autre cellule immunitaire, le lymphocyte T, joue un grand rôle dans la réponse immunitaire notamment contre les cellules cancéreuses et se prête déjà à un usage thérapeutique. Nous avançons pas à pas vers l’espoir d’utiliser les cellules B de façon parallèle. » conclut-il.

Un travail d’équipe

La Recherche, c’est d’abord un travail d’équipe, une équipe soudée qui aime la même discipline et qui a les mêmes objectifs. Le laboratoire d’immunologie de l’université et du CHU est composé d’une cinquantaine de personnes œuvrant ensemble. Mais c’est également un travail en réseau, au niveau national et international avec d’autres laboratoires qui permet de faire avancer la Recherche. L’équipe est en relation avec des laboratoires de Harvard ou de Chicago et coordonne des projets ANR et ARC avec des équipes de Rennes, Montpellier, Toulouse et Paris. Ces collaborations permettent d’échanger des compétences et  de progresser plus vite... La Recherche, ce sont aussi des partenaires financiers sans qui les travaux ne verraient pas le jour, la Ligue contre le Cancer, l’ARC (recherche contre le cancer), l’État avec l’ANR et l’Institut du Cancer, la Région et l’Agence régionale de santé, l’ALURAD...

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