Citoyenne
Tribunes libres
Majorité municipale
Groupe CIEL
Sécurité
La question de la sécurité est aujourd’hui au coeur des préoccupations locales. Limoges, comme de nombreuses villes de taille moyenne, est traversée par des dynamiques contraires & contrastées qui nécessitent d’être analysées avec du recul. L’incendie criminel du vestiaire d’un gymnase en ce milieu du mois de septembre, en témoigne une fois de plus. Sur le plan statistique, la ville présente des indicateurs de délinquance généralement inférieurs à ceux des grandes métropoles de France. Les atteintes aux personnes y demeurent contenues, et le cadre de vie reste globalement préservé. Toutefois, certaines problématiques se concentrent dans des espaces précis : trafics liés aux stupéfiants, incivilités répétées, nuisances sonores, rodéos ou dégradations matérielles. Ces phénomènes localisés, bien que circonscrits, influencent fortement et de plus en plus le sentiment d’insécurité des habitants.
Cet été, les émeutes urbaines du Val de l’Aurence, ont été un marqueur très inquiétant pour la société et l’État. Soyons clairs et fermes, l’État actuel ne remplit plus ses fonctions régaliennes d’autorité et de sécurité sur la voie publique. L’impunité des auteurs de ces violences est quasi-totale. L’action des travailleurs sociaux manifestement insuffisante, voire défaillante. Face au désengagement croissant de l’état, la municipalité dans la limite de ses moyens a apporté des réponses : la police municipale été armée, le nombre de policiers municipaux a été augmenté et elle se rend dans les quartiers en soutien de la police nationale en cas d’incidents graves, le nombre de caméras de vidéo-surveillance est constamment augmenté : ces actions sont renforcées avec la création récente de brigade tranquillité destinée à lutter contre le sentiment d’insécurité. La municipalité et Limoges métropole ont entrepris à la ZUP de l’Aurence, comme à Beaubreuil, à la Bastide ou aux Portes-Ferrées un travail de déségrégation sociale. Il commence à porter ses effets, positifs à la Bastide, ou à Beaubreuil. Les réussites telles que la cité de l’emploi, le centre social, la cité éducative et la rénovation de toutes les écoles, Jean-Montalat, Gérard-Philippe sont porteurs d’espoir sur Beaubreuil. Mais elles s’appuient sur un tissu associatif riche et ouvert, comme nous l’avons vu dans plusieurs quartiers cet été.
Les Olympiades des familles, à Beaubreuil, avec le centre social, l’UDAF, le CIDFF, l’association TAFF, en, partenariat avec la CAF, témoignaient de ces réussites. D’autres y agissent aussi tels que le Secours Populaire.
Les repas partagés des mercredis midi dans les jardins collectifs de l’étoile, avec Alchimis ou les vide-greniers mis en place par Chapeau Magique sont parmi les succès qui donnent de l’espoir. Avec les habitants.
Revenons pour l’heure aux actes délictueux commis cet été à l’Aurence. Ils sont le fruit certes de défaillances éducatives profondes, du laxisme généralisé, de cette ségrégation socio-spatiale, mais ils signent aussi l’échec d’un type d’habitat. L’architecte Clément Tambuté signait à Limoges, au début des années 60, son dernier chantier après avoir fait la Cité des 4000 à La Courneuve, ou une cité à Stains et avoir rebâti des villes rasées lors de la seconde guerre mondiale, Calais, Abbeville. L’homme nouveau, celui des « banlieues rouges », chères aux architectes du collectivisme, n’est pas devenu un homme bon et serviable.
La rénovation à venir et en cours de l’Aurence doit s’appuyer, se construire avec les habitants tout en restant fermes sur la sécurité.
Ne stigmatisons cependant jamais les populations de ces quartiers. Rappelons qu’il existe une vie quotidienne dans ces quartiers avec de nombreux habitants attachés à leur quartier qui sont les spectateurs impuissants de ces violences. L’universalité républicaine de la France est et demeure un pilier fondamental du vivre ensemble, qui forme les citoyens de demain.
* UDAF : Union départementale des Associations Familiales / CDIFF : Centre d’Information sur les droits des femmes et des familles / TAFF : Tous en Action pour les femmes et les familles / Alchimis : Aurence Loisirs-Collectif pour les Habitants l’Insertion et la Mixité par l’Initiative Sociale.
Samia Riffaud, Muriel Laskar, Corinne Robert, Vincent Brousse pour la majorité municipale.
Octobre 2025
Opposition
Gauche citoyenne, sociale et écologiste
Assez de gesticulations, plus d’action !
Cet été, notre ville a connu des scènes de violences d’une rare intensité, que nous avons dénoncées avec a plus grande fermeté. Nous avons également réaffirmé notre total soutien aux victimes ainsi qu’aux forces de l’ordre, souhaité un prompt rétablissement aux fonctionnaires de police blessés dans l’exercice de leur difficile mission. Il existe un droit à la sécurité car il s’agit de garantir la justice sociale. L’insécurité touche les plus vulnérables. L’ordre républicain est constitutif de la démocratie et du vivre ensemble, cela impose aux élus d’être exemplaires et d’être dans l’action, pas dans la gesticulation
Face à ces événements, les réactions du maire de Limoges n’ont malheureusement pas été à la hauteur des circonstances. Au lieu de tenter l’apaisement, ses premiers propos basés sur des analyses insensées et infondées, sont venues obscurcir ce tableau déjà dramatique. Le pire est à lire dans l’interview qu’il a donnée au site d’actualité d’extrême droite «Boulevard Voltaire ». Les réponses apportées par le maire de Limoges ont été perçues par les habitants du quartier et bon nombre de limougeaudes et de limougeauds, comme profondément déshumanisantes, pour ne pas dire plus. Tout cela n’est pas acceptable, c’est une faute morale, politique et civique. Il s’agit là d’un double drame : l’un ayant pour visage la violence aveugle des affrontements urbains, l’autre reflétant une dérive idéologique d’un élu, qui au lieu d’apaiser et de rassembler, stigmatise et fragmente.
Nous le disons avec force : on ne sortira pas de l’engrenage de la violence en opposant les habitants les uns aux autres. Cela revient à jeter de l’huile sur un feu déjà alimenté par le désespoir, l’exclusion et le sentiment d’abandon.
Il est urgent d’agir ! Il est impératif de renforcer la sécurité, mais avec cohérence et discernement. La police doit avoir les moyens d’intervenir, ses effectifs doivent être renforcés de façon pérenne (nous l’avions déjà suggéré notamment lors du conseil municipal du 17 décembre 2024). Les trafics doivent être combattus avec la plus grande fermeté (nous travaillons au niveau national avec la loi sur le narcotrafic). La police municipale doit être soutenue et doit accentuer ses missions de police de proximité, au service de la tranquillité de chacune et chacun d’entre nous. Les incivilités du quotidien doivent être sanctionnées.
Mais il faut également investir dans une prévention sociale durable, en soignant dans un premier temps le tissu associatif, mis à mal depuis près de 12 ans dans notre ville. Il est aussi primordial que les projets de rénovation urbaine, qui se sont trop souvent centrés sur l’aspect structurel des quartiers (habitat, espaces publics, équipements), répondent mieux aux besoins de la vie quotidienne et aux enjeux sociaux. Il est temps d’associer davantage les habitants, les associations, toutes celles et ceux qui vivent et qui font vivre les quartiers, dans les projets et les décisions. Cela permettra de gommer le décalage entre les projets conçus et les besoins réels. Il faut recréer du lien et le sentiment d’appartenance.
Toutes les politiques publiques doivent ainsi aller au-delà du volet sécuritaire, même s’il reste nécessaire : l’accès à l’éducation, l’emploi, la formation, l’accompagnement des jeunes permet de reconstruire une citoyenneté vivante.
À Limoges, comme ailleurs, il est encore possible de panser les blessures de nos quartiers, trop souvent réduits à des statistiques de chômage, de délinquance ou de précarité, en oubliant qu’il y a aussi de l’énergie, de la jeunesse, des richesses culturelles et artistiques, et des envies, qu’il faut accompagner. Replacer l’Humain au coeur des politiques et des initiatives est essentiel pour tenter de transformer réellement notre ville.
Thierry Miguel, Gulsen Yildirim, Gilbert Bernard, Olivier Ducourtieux, Nabila Anis, Thibault Bergeron, Christelle Merlier / groupe.opposition@limoges.fr - 05 55 45 63 66
Octobre 2025
Anciennes tribunes
Retrouvez les tribunes précédentes dans les anciens numéros de Vivre à Limoges.