"Sur le vif", Cadre de vie

Tondus, pas tondus, pourquoi la Ville a adopté une gestion différenciée de ses espaces verts ?

Cela n’aura échappé à personne, l’herbe est plus haute qu’ailleurs sur certains talus de la ville. Dans les parcs, les fleurs sauvages et les insectes sont même réapparus.

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Après avoir adopté dès 2007, un plan de gestion raisonnée des espaces verts pour renforcer la biodiversité en ville, la municipalité s’est engagée dans un ambitieux programme de gestion différenciée depuis 2012. Aujourd’hui, un nouveau virage est entrepris, où la biodiversité et l’environnement prennent une part encore plus importante dans les choix de gestion. La principale différence : adapter les actions en faveur de la préservation de la faune et de la flore et des changements climatiques, selon les secteurs, le tout avec l’élaboration d’une cartographie et de fiches techniques d’intervention et de suivi. Un service en charge de la préservation des ressources naturelles a même été créée, tant l’enjeu est de taille.

Mais concrètement, comment ça se passe ?

Comme le précise Vincent Léonie, adjoint au maire, « la première question à se poser est de déterminer quel est l’usage attendu pour tel ou tel espace vert. Les jardins d’agrément que sont par exemple le parc Thuillat ou le jardin de l’Évêché n’ont pas la même vocation que le parc du Talweg ou du Mas-Jambost qui sont plus sauvages.

À l’Évêché d’ailleurs, plusieurs espaces sont clairement dentifiés : ceux qui sont destinés à accueillir le public et les talus ; ces derniers étant considérés comme des zones où l’on peut agir en faveur de la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique. Une différence de 3 à 4 degrés d’écart peut être constatée entre une zone d’herbe tondue et une zone non tondue ».

La tonte raisonnée limite en effet l’assèchement du sol et le stress hydrique ce qui permet de limiter l’arrosage.

Répondre aux enjeux climatiques

Les habitudes ont la vie dure et remettre en question ce qui s’est toujours fait n’est pas facile. Pourtant, les enjeux climatiques actuels ont incité à de nouvelles pratiques. Des lois ont été promulguées, comme pour l’interdiction de l’utilisation de produits phytosanitaires ou contre l’artificialisation des sols par exemple.

Les experts climatologues (François Gemenne, entres autres) ont démontré que le point de non-retour quant au changement climatique se situait en 2050. D’ici là, chaque geste compte, aussi infime soit-il.

Depuis plusieurs années, la Ville de Limoges et ses agents se sont naturellement engagés dans cette voie, avec la ferme intention d’agir concrètement.
Faire baisser la température en ville avec la résorption des îlots de chaleur est le premier challenge à relever. Sur ce point, l’apport de la verdure a largement fait ses preuves.
Pour la préservation de l’habitat, de la faune et de la flore, le fauchage tardif est l'une des solutions ! Il permet de mieux respecter le cycle de vie des espèces sauvages tout en préservant la strate herbacée où vivent de nombreux insectes. Dans les herbes plus hautes et plus fleuries, la vie reprend ses droits. Des orchidées sauvages sont même réapparues dès 2020 sur les talus qui bordent le quai Louis Goujaud. Le cycle végétatif d’une orchidée sauvage se termine en août. Si l’herbe est tondue, elle ne pourra pas grainer et disparaîtra. Sans elle et sans rien à butiner, les insectes feront leurs baluchons.
Autres actions encouragées par la Ville dans ce sens, la préservation des troncs d’arbres et la disposition de tas de bois dans des endroits stratégiques pour récréer l’habitat naturel qui fait souvent défaut en ville.

« Notez également, ajoute Vincent Léonie, la tonte raisonnée a aussi l’avantage de dégager du temps pour les équipes municipales qui peuvent ainsi se consacrer à d’autres missions : le maraichage, l’embellissement des parcs et jardins ».

Le saviez-vous ?

La direction des espaces verts de la Ville de Limoges gère 1 045 hectares de verdure, dont 731 ha d'espaces verts aménagés ouverts au public : les parcs et jardins, les espaces verts des sites sportifs municipaux et les abords des bâtiments publics principalement. . Pour les ronds-points et les abords de voirie, l’entretien et la gestion sont partagés avec Limoges Métropole.

Vis-à-vis de ce partage de compétences entre la Ville et Limoges métropole, l’élu rappelle aussi que le transfert de ces missions est récent et qu’il nécessite un temps d’adaptation et des investissements pour être pleinement en mesure de répondre à tous les besoins.

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