Cadre de vie, Vie citoyenne

la contribution du maire de Limoges au débat public sur le projet d’A147

La lettre d'Emile Roger Lombertie à Mme Chantal Jouanno, Présidente de la Commission Nationale du Débat Public.

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Madame la Présidente,

Je vous prie de recevoir ma contribution au débat public sur le projet d’autoroute 147.

Je tiens en premier lieu à vous féliciter, ainsi que les services de l’État pour la qualité de l’organisation du débat public. C’est une chance de pouvoir nous exprimer, avec nos différentes sensibilités et de nous écouter les uns les autres.

J’ai pour ma part observé deux catégories de points de vue : ceux qui s’inquiètent de problématiques « localo locales », et ceux qui ont une vision plus globale. J’ai été étonné de voir à quel point le débat se déroule « à périmètre constant », et assez rarement en se projetant dans l’avenir.

L’avenir que nous voulons est pourtant la clé de lecture qu’il convient d’avoir pour ce projet. Voulons-nous sortir de l’artificialisation et renoncer désormais aux projets routiers (qui sont par nature, dans la loi, considérés d’utilité publique) ? Empruntons-nous le chemin de la décroissance ? Comment atteindre la neutralité carbone sans rapatrier nos industries, sans diversifier notre agriculture, sans réinvestir les villes petites et moyennes ?

Je crois très profondément que l’horizon décarboné que nous avons le devoir d’atteindre doit se réaliser dans un cadre qui le permette.

Notre région, Limoges et ses marches font partie des oubliés du désenclavement ferroviaire et routier. Le tracé de nos infrastructures est l’exemple type d’un pays ultra centralisé, et d’une impossibilité à échanger avec les territoires voisins.

Non seulement la situation ne s’est aucunement améliorée, mais la création de la RCEA, en passant par Limoges, sans deux fois deux voies Limoges Poitiers, génère des bouchons au lieu de fluidifier le trafic. On voit les résultats au fil des ans sur l’accidentologie, particulièrement cruelle.

On a mis la charrue avant les bœufs, puis on a laissé la situation se dégrader.

Cela fait bien longtemps que Limoges et Poitiers devraient être reliées par une route en deux fois deux voies et bien longtemps que nous devrions être connectés par un rail performant à notre est et notre ouest.

Et je ne vous parle même pas de la liaison Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), pour lequel il a été si difficile d’obtenir les crédits.

L’avenir de la France, c’est la désaturation des métropoles, la réindustrialisation, la reconquête d’une souveraineté alimentaire avec son tissu agroalimentaire, la souveraineté énergétique, la préservation de l’eau, de la terre, de la biodiversité.

Pour moins dépendre des grandes cultures brésiliennes, russes, argentines, canadiennes, pour moins dépendre de l’industrie chinoise, toutes très carbonées, il nous faut un réseau d’infrastructures routières et ferroviaires de qualité ET équitablement réparti sur le territoire.

J’aimerais vous interpeller sur le nord de la Haute-Vienne, en déprise agricole, commerciale, désert médical etc., mais vous me direz que des Bellac, il y en a plein en France. Et c’est assez juste. Cependant, notre région est un poumon français qu’il convient d’irriguer comme il le mérite pour qu’il puisse rendre à la France tout ce qu’il a de plus exceptionnel : de la place, de l’audace, de la qualité.

Dans ce contexte, à cet horizon, nous nous sommes engagés depuis 6 ans pour obtenir une autoroute concédée entre Limoges et Poitiers.

Pourquoi ce choix ? C’est le seul qui rende crédible une mise en circulation à brève échéance. Les projets financés par le CPER avancent si lentement que chacun s’accorde à dire qu’il faudrait 50 ans de plus pour en voir l’issue.

L’étude de concessibilité est positive, nous savons maintenant que c’est faisable. Non seulement nous rattraperons notre abyssal retard, mais nous aurons une autoroute qui sera calibrée pour les motorisations électriques et hydrogènes, nous aurons la capacité d’accueillir des véhicules autonomes.

Bref, nous aurons une autoroute « du futur », outil d’un aménagement du territoire qui répare les erreurs du passé, qui prend soin de son environnement et qui nous offre un horizon plus positif que ce que nous promettent les décroissants.

Madame la Présidente, nous avons besoin, absolument besoin de cette infrastructure pour préserver l’avenir.

Avec 800 hectares artificialisés, soit le tiers de la surface d’une petite commune rurale, nous sommes bien loin des projets comme le GCO de Strasbourg ou autre.

À l’occasion de mes échanges épistolaires avec Madame La Maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy, nous sommes bien évidemment tombés d’accord sur l’impérieuse nécessité de mettre à niveau cette route RN147.

Le meilleur projet pour nous est celui qui existera vraiment. Donc pour nous, c’est l’autoroute concédée A147.

Je vous prie de croire, Madame la Présidente, à l’expression de mes respectueuses salutations.

 

Émile Roger LOMBERTIE

 

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